Prêcheurs de Xarnia
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 Société Absurde ! RP Powered by Diaz

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5 participants
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Diaz

Diaz


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MessageSujet: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitimeSam 30 Aoû - 17:09

Cette nuit là était couverte d’épais nuages voilant la sphère lumineuse d’une lune éclatante.

Ils étaient seuls, seuls dans la fraîcheur de cette nuit d’automne. Debout devant elle, il était emmitouflé dans une doudoune aux couleurs du ciel et portait un bonnet de laine sagement fixé sur sa tête. D’entre ses lèvres quelque peu gercées, sortait un léger voile de fumée blanchâtre, ses paroles étaient les régulatrices du débit de fumée.

« Tu aimes ton papa ? Hein ? »

Il regardait sa fille face à lui, lui parlant sans détour. Elle était vêtue assez légèrement au vue du temps, une simple veste jeans et une petite jupe noire qui descendait juste au-dessus des genoux. Ses yeux étaient emplis d’un sentiment étrange, rare chez une jeune fille de son âge. Elle avait huit ans, peut être neuf. Mais pour son père, le poids de l’âge n’avait aucune importance. Il s’agenouilla et passa une main dans ses cheveux noirs. Puis posa sa main chaude sur la joue froide de sa fille avant de reposer à nouveau sa question :

« Tu l’aimes ton papa ? »

Elle ne répondit pas de suite, elle avait froid, elle avait peur et avait envie de pleurer. De partir loin, de crier, elle avait envie que ce cauchemar prenne fin et qu’elle se réveille dans son lit aux côtés de son petit ourson jaune qu’elle aimait tant.

Elle se contenta d’acquiescer frileusement, déjà perdue dans ses pensées, déjà perdue … en plein milieu de ce parking ou étaient stationnés des centaines de poids lourds, tous alignés les uns à côtés des autres. Impressionnant monstres de métal promenant toujours leurs longues remorques souvent lieux d’abris et de transits pour des hommes et des femmes, sources de vie et d’argent, mais aussi de malheur.

« C’est bien ma chérie, poursuivit le père heureux de la réponse silencieuse qui lui avait été offerte. Tu sais que ca ne me plait pas que tu fasses cela, tu sais, que je veux pas, mais on a plus d’argent, et il faut bien qu’on puisse manger, hein, faut qu’on puisse vivre. Et puis, c’est bientôt ton anniversaire, hein, on va quand même t’offrir un beau cadeau, tu penses que se serait merveilleux, un beau cadeau pour tes neuf ans. »

Elle releva la tête, ses yeux brillaient ou plutôt la lumière des puissants réverbères sur l’air de repos se reflétait dans les larmes discrètes de la jeune fille. Son père fit semblant de ne pas les voir ou se convainquit lui-même de rêver. Par contre, le léger sourire qu’elle esquissait, celui là, il le releva.

« Oui, tu auras ton plus beau cadeau, ma chérie. Alors tu fais comme papa t’a expliqué à la maison, et comme papa t’a montré. C’est pas compliqué, de toute façon, je reste dans le coin, donc ne t’inquiètes pas. »

Il déposa un bisou sur la joue de sa fille, qui s’éloigna de lui lentement, passant devant ses semi-remorques dont les optiques de phares étaient comme des yeux innombrables qui la fixaient, elle. Elle marchait lentement, défilant silencieusement, condamnée à ramener quelque chose pour vivre, pour son ignoble père.

Une porte s’ouvrit d’une cabine d’un de ces monstres de la route, laissant s’échapper de cette dernière une lumière qui attaquait les yeux, et une odeur teintée d’alcool et de tabac qui venait s’engouffrer dans ses jeunes narines.

Elle s’approcha de cette porte ouverte, son père au loin la regardait fièrement. Elle semblait discuter avec le chauffeur. C’était cinquante euros, pensa-t-il en la voyant maintenant entrer dans la lumière. Puis la porte se referma sur elle, porte ouverte vers le purgatoire, vers un enfer silencieux et des larmes qui couleront à jamais le long de joues si douces, elles couleront à jamais de ses yeux qui, si jeunes, auront déjà goutés à un enfer qui ne dit pas son nom. C’est cinquante euros pour ton cadeau, lui avait dit son père. Tu fais comme à la maison … sauf qu’à la maison, les gens sont plus doux, moins brutaux, sauf qu’à la maison, son lit lui permet de croire qu’elle rêve et que son cauchemar prendra fin car bien souvent elle se réveille seule dans son lit en compagnie de son ours jaune aux pupilles noires, un témoin muet et aveugle de ces rêves parfois si réels.

Musique

Un peu plus loin, ailleurs, dans une pièce sombre, dans la monotonie de pleurs silencieux et atroces qui vont déchirent le cœur, le genre de pleurs qui vous marquent toute votre vie. Las, elle donnait extérieurement l’impression d’être heureuse et joyeuse, malheureusement avec le temps et les ennuis qui s’accumulaient, elle avait tout perdu, s’enfonçant pas la même dans une profonde déprime qui ne disait pas son nom. La vie, elle avait très vite appris ce que c’était, apprenant au fur et à mesure des coups bas et autres coups durs qu’on lui infligeait. La faisant chaque fois un peu plus douter d’elle-même et de ses capacités, glissant silencieusement sur le toboggan de la décadence, qui n’avait rien d’une nouvelle danse réalisée dans une boite de nuit, ni même le nom d’une nouvelle drogue assez puissante pour l’aider à fuir une réalité si horrible, qu’elle lui enlevait maintenant toute envie et toute joie. Le sourire et le bonheur semblait si loin, les soirées entre amis, ceux qu’elles avaient toujours connu, étaient devenus aussi rares qu’apercevoir la grande ours en plein jour.

Ses nuits étaient courtes, elle ne trouvait pas le sommeil, peut-être était-ce dû à ses soucis ? La respiration était lente, douloureuse par moment, comme si on enfonçait soigneusement une pique dans ses côtes ou dans son cœur. Si même respirer était devenu douloureux, pourquoi vivait-elle encore ? Elle se mit assise dans son lit, les cheveux ébouriffés. Elle expira violemment. Pensive. Évasive. Envie de partir loin, très loin. Envie de soleil, d’oublier un peu les soucis pesant d’une vie devenue monotone. Elle prit son téléphone, l’écran brillait maintenant dans le noir, lui montrant encore le nombre d’appels auxquels elle n’avait pas répondu par peur, par crainte. Sûrement le propriétaire qui réclamait encore les loyers impayés, la banque qui voulait prendre un rendez vous pour qu’elle règle sa situation. Elle jeta son téléphone rageusement, les larmes avaient coulé d’elles même.
« Que ce cauchemar prenne fin … quand vais-je me réveiller ? »


Dernière scène, dernier acte. Allongée sur le lit d’une chambre aux couleurs froides, elle respire difficilement, comme si la flamme qui faisait auparavant battre son cœur était en train de s’éteindre. La machine qui est branchée à son cœur émet toujours le même son strident et aigu, un bip répétitif qui semble peu à peu s’éloigner dans le temps, se mourir lui aussi dans la distorsion d’une époque ou le collectif et l’unité qui primait autrefois ont été remplacés par les mots individualités et conflits. La belle époque du temps ou l’Homme vivait sans se soucier de l’avenir, car il y en avait pour tous, peu importe qu’ils soient bons ou mauvais, doués ou non, cette époque est révolue, la page est tournée lentement, oubliée à jamais comme si l’on ôtait à un livre les plus belles pages qui le composent, comme si l’on retirait le rêve à un enfant qui se voit déjà confronter à la dure réalité d’un monde qui change et qui tue. Comme la jeune femme ou le jeune homme qui n’arrive plus à vivre par peur, peur d’un monde que l’on a monté de toute pièce, un monde que l’on a jugé si idyllique, si parfait. Un monde ou seul le rendement et la productivité comptent, le bénéfice et l’argent roi pour seul victoire et seul but d’une vie, argent tu te fais au détriment d’une vie sociale, au détriment de l’amitié. Détruisant les familles, détruisant l’amour, fruit d’une haine en constante progression, fruit d’une violence insensée organisée par ceux qui refusent d’admettre et de se plier à l’univers de ce système impitoyable, véritable rouleau compresseur. Beaucoup pleure, beaucoup souffre, mais au final, personne ne fait rien … entre le paraitre et l’être il y a bien souvent plus qu’un pas à franchir, entrer dans leur monde, entrer dans leur danse macabre, entrer dans une vie qui ne l’est pas.

La machine bipe toujours lentement, la respiration est de plus en plus lente. Elle va quitter cette vie tristement dans la solitude froide d’une chambre d’hôpital, un simple numéro sur une porte large, un simple numéro dans une société qui fera le calcul de combien elle a couté. Société qui a arrêté de lui payer son traitement, société qui ce soir, dans le léger voile crépusculaire, éteint la lumière définitivement dans un dernier bipe stressant et sans fin. Elle a réussi. Après n’avoir plus mangé, plus pris son traitement qui aurait pu la sauver, elle s’est en allé dans la plus stricte intimité, dans l’indifférence la plus totale. Sans argent, sans aide, virée d’un emploi dans lequel elle a pourtant tant donné, souillée à jamais par la honte qu’elle s’est mise sur elle-même, par la honte que ses voisins lui ont jeté de par des regards si terribles. Elle s’est évadée, elle a retrouvé la liberté.


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Xolotl
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MessageSujet: Re: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitimeSam 30 Aoû - 17:22

Clap clap clap

Eh bien, je crois que t'as réussie a ruiner ma journée...
J'aime beaucoup, tu ne fais pas dans le joyeux ...

Citation :
se mourir lui aussi dans la distorsion d’une époque ou le collectif et l’unité qui primait autrefois ont été remplacés par les mots individualités et conflits.

Je me demande a chaque fois, dans chacun de tes RPs il y'a une certaine critique du monde tel qu'on le connait. Lyrisme ou vision des choses?
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Diaz

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MessageSujet: Re: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitimeSam 30 Aoû - 17:28

La critique est toujours présente ... la vision et l'analyse suivent ensuite. Pas d'espoir, ni de réponse, juste l'affirmation et la description d'un monde à son paroxysme, douce apogée qui transporte, nous, simples voyageurs muets et aveugles qui ne réagissent que quand ils sont choqués. Malheur, mal-être, ils réagissent hélas bien souvent trop tard. Mais peut-on leur en vouloir, frêles hommes qui après nous vivait, encore conditionné et formaté par cette société vicieuse et malsaine.

Des mots pour décrire des ... maux. Des maux, juste des maux ...
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The white wolf
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MessageSujet: Re: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitimeDim 31 Aoû - 21:23

toujours aussi agréable a lire diaz


bien que le sujet n'est pas très joyeux ^^


mais j'adore le style Wink
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hadock

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MessageSujet: Re: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitimeLun 1 Sep - 17:50

très bien écrit bien que j'ai peur de comprendre ce qu'il arrive à la gamine...
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The Lordzi
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MessageSujet: Re: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitimeVen 5 Sep - 20:07

Je viens de le lire... Et je peux dire que sa prend au tripes...
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MessageSujet: Re: Société Absurde ! RP Powered by Diaz   Société Absurde ! RP Powered by Diaz Icon_minitime

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