Prêcheurs de Xarnia
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Prêcheurs de Xarnia

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 Vieux Démons

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4 participants
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Diaz

Diaz


Nombre de messages : 537
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Date d'inscription : 15/09/2007

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MessageSujet: Vieux Démons   Vieux Démons Icon_minitimeDim 27 Avr - 23:18

Ben déambulait seul dans la fraicheur de la nuit. Silencieusement, la tête pleine de pensées, l’esprit voyageur, il marchait en longeant le trottoir d’un bitume dont les nombreuses cicatrices et autres entailles profondes avaient définitivement défiguré un sol qui avait été jadis si plat et monotone.

Son regard se porta dans le ciel étoilé de la nuit, quelques rares nuages venaient tour à tour masquer la belle et ronde lune, cachant aussi, sur leur passage, les faibles lueurs des étoiles scintillantes sur le fond de cette toile.

Les voiles lumineux provenant des réverbères dressés sur leur seule patte semblaient donner à cette scène un profond sentiment de malaise. Les têtes firent jaillir la lumière qui faisait danser les ombres des branches des quelques arbres feuillus qui apportaient un peu de verdure à ce monde de bitume.

Lui, il se contentait de marcher, toujours silencieusement, les yeux rivés dans le vide, les oreilles à l’écoute d’un monde qui appelle au secours. De temps à autres, il lui arrivait de voir des images floues défiler devant ses yeux faibles, déjà si usés pour son âge. Il lui arrivait de se retourner en plein milieu de la rue, persuadé d’avoir entendu des bruits « différents », des pleurs, des cris, des sanglots. Rien de bien heureux. Il voyait parfois des ombres danser autour de lui et parler avec la sincérité d’une personne qui accompli son dernier saint sacrement en demandant l’abjuration du démon à un homme d’Eglise et de foi. Lui, n’avait pourtant rien d’un homme de foi ou d’Eglise. La foi, elle n’avait aucune signification pour lui, la foi n’était que le seul moyen que les hommes avaient pour se rassurer, pour se convaincre qu’après la mort, il y a quelque chose, quelque chose de grand.

Une voiture passa près de lui, l’extirpant lentement de ses songes et de ses cauchemars. Il jeta un œil à l’heure de son téléphone portable.

Il était trois heures du matin passé …

Il soupira amèrement, et n’avait même pas remarqué que ses mains tremblantes avaient fait tomber le téléphone. Il se baissa pour le ramasser quand il fut pétrifier sur place : des images défilèrent à une vitesse folle devant ses yeux, les sons étaient inaudibles, ils s’accumulaient, résonnant dans sa tête comme résonne le son de la cloche dans son enceinte, prisonnière de sa cellule de pierre. Il ferma les yeux, serrant ses dents les unes contre les autres, les faisant grincer de manière stridente. Sa tête se mit à tourner violement, étrangement.

Il était une nouvelle fois perdu entre deux mondes : un monde réel, celui que tout le monde vit et connait au quotidien et un monde virtuel, celui qui le torture, celui qui le fait fuir de ce monde plus normal que tout le monde connait. Ce monde virtuel est l’avenir, le passé d’une personne, le couloir de passage des vieux fantômes qui hurlent et susurrent à voix basses leur souffrances et leur colères, leur douleurs silencieuses et leur mal-être profond.

Il se redressa de tout son long, avec la plus grande des difficultés comme s’il portait un lourd poids qui voulait le plaquer au sol afin que jamais il ne puisse se relever. Décidément, son retour dans sa petite ville natale ne lui portait pas spécialement chance. Elle n’avait d’ailleurs pas tellement changé. Il était dans la ruelle de l’ancien appartement qui l’avait vu grandir ; l’immeuble était toujours debout, la façade avait juste subie le lourd poids des années. Il frissonna, croisa les bras en se tenant les coudes et inspira profondément. Allait-il accepter d’affronter son passé ? De retourner là ou sa vie a totalement changé ?

Il remonta lentement l’allée dont les herbes poussaient dans les craquelures du béton. Il s’arrêta net devant la boite aux lettres et son regard se figea sur un nom : Dircke. Le nom de famille de son père et le sien propre par la même.
Je ne vais pas sonner. Je ne veux pas le voir. Je ne sonnerai pas.

Et pourtant, il sonna. Le tintement si familier retentit, un son qui avait selon ses souvenirs une consonance asiatique si particulière : Tching-tchong ! Un long silence s’impose ensuite. Il est normal vu l’heure matinale (ou tardive, tout dépendait le point de vue) que personne n’ouvre la porte.

Personne, je n’ai pas de regret. Je peux partir maintenant.

Mais au lieu de cela. Son doigt pressa une nouvelle fois le bouton blanc lumineux et fit retentir la sonnerie pour la deuxième fois.

Cette fois ci, il entendit quelqu’un approcher, un vieux chuintement fatigué de vieilles pantoufles trouées qui glissaient vraisemblablement sur le carrelage, les clefs tournèrent dans la serrure, l’immobilisant sur place, craignant de voir un de ses vieux démons qui le traumatisaient tant.

La porte couina, grinçant sèchement et lentement, et s’ouvrit sur une vision étonnante. Ce n’était pas son père qui se tenait dans l’encadrement de la porte, mais une femme âgée aux cheveux blancs bouclés comme si les années n’avaient eu aucun effet sur leur pousse. Elle se tenait droite, debout face à son interlocuteur nocturne. Derrière des verres assez imposants, deux yeux bleus comme l’eau de l’océan qui entoure la Nouvelle-Calédonie. La femme portait une robe pourpre en soie qui faisait oublier les rides de son visage marqué par la bonté.

« Je suis désolé, lâcha honteusement le sonneur de nuit. Je pensais être chez les Dircke …

- Les Dircke ? Il n’y a pas de Dircke, ici, jeune homme, répondit gentiment la vieille femme dont le front se plissa délicatement.
- Mais …
- Mais, sourit-elle, à moins que vous ne vouliez parler de Helmut Dircke. »

Son sourire s’effaça lentement et il se sentit ridicule devant cette femme comme s’il avait un de ces jeunes enfants qui sonnent à la porte pour vous vendre des autocollants pour l’école ou pour demander des bonbons après avoir fêté halloween toute la nuit.

« Je suis navrée de vous apprendre cela, mais votre père est mort il y a maintenant cinq ans. »

A ces mots, il se sentit tomber une nouvelle fois. Son père était mort et il ne le savait même pas. Lentement, il baissa la tête, ravala discrètement une larme. Pourtant sur la boite aux lettres, c’était encore le nom de famille de son père qui y était. Il n’avait pas rêvé. Il en était convaincu.

« Vous n’êtes pas … euh …
- Je suis madame Gurke, dit-elle en souriant. Mais vous m’avez l’air bien pâle jeune homme. Je suis désolé de la nouvelle que je vous ai fait subir. Laissez-moi vous … vous offrir un thé ou un café même. Venez, entrez. »

Madame Gurke ? Il semblait étourdi par ce qu’il venait d’entendre et en plein doute aussi. Aurait-il mal lu ? Confondre Dircke avec Gurke. Si tel était le cas, la vieille dame devait le prendre réellement pour un analphabète. Lui qui aimait pourtant tant critiquer le faible niveau des écoliers, bien souvent incapable de lire et d’écrire dans un français correct, même le stade de la majorité atteint.

Sans même se souvenir de ce qu’il s’était passé après s’être fait inviter par la vieille dame, il se retrouva miraculeusement dans l’appartement, assis dans la petite cuisine qu’elle avait réaménagé avec du mobilier plus moderne et plus luxueux.
Il frissonna en remarquant que la vieille dame était maintenant vêtue d’une robe noire qui lui collait si près du corps qu’il pouvait deviner les formes arrondies et superbes qu’elle pouvait encore avoir malgré son âge. Un sentiment de désir le traversa et il eu honte de penser un instant éprouver une telle pulsion envers une femme de cet âge.

Il demanda à se rendre dans la salle de bain afin de se jeter un peu dans le visage. La dame accepta.

Il se leva donc assez rapidement, traversa le couloir qui avait fait peau neuve depuis la dernière fois ou il était venu dans cet appartement. Ouvrit la porte de la salle de bain et régla le débit d’eau froide. Il mit ses mains en forme de seau afin de s’en jeter un maximum sur le visage. Il se regarda dans le miroir, laissant le robinet couler et l’eau fuir dans les égouts dans un bruit si particulier. Le lavabo émettait le même son que la personne que l’on est en train de noyer.

Il soupira et un nouveau frisson lui parcourut le corps. Il coupa l’eau et allait quitter la salle de bain, quand un léger bruit de gouttes provenant du lavabo attira son attention. Il fit demi-tour afin de serrer plus fort le robinet, mais fut surpris de voir, que dans ce dernier, il n’y avait pas d’eau qui coulait lentement, mais des gouttes rouges glissaient le long de la paroi en émail blanche vers les égouts. Il fit mine de ne rien avoir vu et retourna rejoindre la vieille dame qui fut surpris par sa pâleur.

Son sourire avait eu un drôle d’effet, une pointe de gène. Il avait eu l’impression que le sourire de la vieille dame avait eu quelque chose de … faux ? De désagréable ? De rusé ? De malin ? Impossible, elle semblait pourtant respirer la pureté et la bonté.

Elle approcha de sa tasse une casserole dans laquelle elle versa un breuvage sombre, assez épais, pour ne pas dire bourbeux. Il n’avait plus envie de boire son café … il avait envie de pleurer, de partir loin d’ici, de fuir au plus vite. Il avait peur, peur parce que son esprit lui disait que sur la boite lettre, c’était bien Dircke qui était écrit. Il frissonna une nouvelle fois.

La vieille dame souriait toujours, laissant apercevoir ses dents jaunes … elles étaient toutes jaunes à l’exception de ses canines, longues et pointues. Ses yeux … verts maintenant, le fixait obstinément. Ils n’étaient pas verts ses yeux avant qu’il n’entre, ils n’étaient pas verts.

La vieille dame posa également sur la table une vieille boite métallique qui contenait des petits gâteaux et l’invita à en prendre un. La vieille dame avala sa tasse de café d’un seul coup avec un bruit de déglutition. Elle releva la tête de sa tasse et Ben ouvrit de grands yeux. La vieille dame semblait avoir perdu pas mal de cheveux, plus clairsemés, plus maladifs … La cornée de ses yeux était maintenant jaunie, vieilli et marquée de petites tâches noires.

« Prenez donc un petit gâteau ! »

Elle prit un petit biscuit brun et l’enfourna dans sa bouche, le mouvement de ses mâchoires étaient impressionnants. Un espèce de va-et-vient constant. Il pouvait entendre le craquement des biscuits sous la pression de sa puissante dentition.

« Pourquoi tu n’as rien fait pour m’aider ? dit la vieille femme qui se décomposait devant ses yeux. »

Un léger filet de sang coulait de ses narines. Ben se leva d’un bond de sa chaise, la faisant tomber au sol.

« Pourquoi tu n’as rien fait pour m’aider quand papa me frappait, pourquoi tu n’as rien fait ? Tu sais pourquoi il me frappait ? Parce qu’il avait envie de moi, il voulait juste me baiser, me voir soumise le soir, la nuit quand il venait dans ma chambre pour que je réalise ses fantasmes, ses rêves les plus fous. Combien de fois ai-je du supporter ses apparitions nocturnes, ses mains qui me déshabillaient, sa langue immonde venant entrer dans mon intimité. Mais toi tu es parti, tu as choisi la facilité. Tu as fuis honteusement tes responsabilités, tu as fuis par peur, comme un lâche. Tu as fuis parce qu’il s’était approché de toi aussi … Mais vois le résultat, regarde moi, je suis maintenant ton cauchemar. Vois et meurs … »

Ben prit ses jambes à son cou, il tenta d’ouvrir la porte, forçant sur la poignée. Elle avançait maintenant vers lui, laissant une longue trainée de sang derrière elle, elle s’avançait nue, le corps d’une jeunesse parfaite et aux formes alléchantes. Mais d’où saignait-elle tant ?

« Tu as peur ? Tu fuis ta sœur ? Ne me trouves-tu pas désirable ? Tu es comme papa, tu rêves aussi de coucher avec moi, tu étais jaloux de lui. Oui … Jaloux … »

Elle était maintenant proche de lui, son corps nu se tortillant contre le sien. Il ne pouvait pas le nier, il la désirait. Il la voulait que pour lui … Mais elle allait l’emportait à jamais dans son monde. Choisir le plaisir facile et écouter ses pulsions allaient lui couter cher. Le plaisir mène vers la décadence, la chute est infinie et mène vers la mort.

Il embrassa sa sœur comme il le faisait avec ses copines, sa langue pénétrant sa bouche et jouant avec la langue de la belle. Il embrassait la mort. Sombrant dans l’Enfer éternel de la souffrance et du cauchemar. Ses vieux démons avaient gagné …
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The white wolf
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MessageSujet: Re: Vieux Démons   Vieux Démons Icon_minitimeVen 2 Mai - 3:14

tu est très fort en rp diaz Wink

j'ai vue celui que tu fais pour lunix Wink

tu a du talent
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le zonard
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MessageSujet: Re: Vieux Démons   Vieux Démons Icon_minitimeVen 2 Mai - 11:10

je suis trés impréssionné Diaz, c'est vrément bien écrit et bien pensé !

le rebondissement final est de surcroit saisissant !
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MessageSujet: Re: Vieux Démons   Vieux Démons Icon_minitimeSam 3 Mai - 17:11

Nice gratz Smile continuue Comme Sa j'aiime bien Smile
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MessageSujet: Re: Vieux Démons   Vieux Démons Icon_minitime

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